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19 mai 2020Déclarations

L’impact de la crise sanitaire sur les personnes en situation de handicap

Si toute la population québécoise doit s’adapter à une situation exceptionnelle depuis le début de la crise sanitaire, ses impacts sont amplifiés pour les personnes en situation de handicap. La Commission attire l’attention sur certains enjeux qui l’inquiètent fortement et rappelle des actions systémiques à mettre en place.

Montréal, le 19 mai 2020 – La crise sanitaire qui perdure depuis plusieurs semaines a bouleversé la vie de toute la population québécoise, qui doit s’adapter à une situation exceptionnelle. À bien des égards, les impacts de cette crise sont amplifiés pour les personnes en situation de handicap. Rappelons que celles-ci se retrouvent de manière disproportionnée parmi les personnes qui ont un faible revenu ou qui occupent un emploi précaire, donc dans des situations sociales qui les rendent plus vulnérables. Le contexte de cette crise accentue les inégalités auxquelles elles font face.

Plusieurs problématiques liées au handicap ont été mises en lumière par les organismes de défense des droits et le gouvernement a mis en place certaines mesures en conséquence. Néanmoins, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse tient à attirer l’attention sur certains enjeux qui l’inquiètent fortement dans le contexte de la pandémie actuelle.

Les consignes et mesures pour protéger la santé et la sécurité

Parmi les enjeux importants à souligner, on note d’abord les difficultés d’application des mesures d’hygiène recommandées par la Santé publique pour les personnes en situation de handicap. En effet, le respect de certaines mesures, comme la distanciation sociale, se révèle difficile à appliquer pour les personnes à mobilité réduite et les personnes ayant une déficience visuelle. Il en va de même pour les mesures d’hygiène essentielles, comme se laver les mains à l’entrée des édifices ouverts au public, qui peuvent s’avérer ardues pour certaines personnes, par exemple si les lavabos sont physiquement inaccessibles ou si une personne éprouve des difficultés physiques pour se laver les mains correctement.

Soulignons également que l’accès à une clinique de dépistage pour certaines personnes en situation de handicap peut être problématique, car elles n’ont pas nécessairement accès au service de transport adapté. Par ailleurs, il ne semble pas avoir eu jusqu’à présent de déploiement massif de mesures pour le dépistage à domicile au Québec.

L’État doit s’assurer du respect des obligations qu’il a pris en vertu des traités internationaux, en l’occurrence la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Il doit veiller à ce que les bâtiments gouvernementaux soient accessibles et doit prendre les mesures pour faire respecter l’obligation d’accessibilité pour les bâtiments qui offrent des services publics, par exemple les cliniques de dépistage, épiceries et pharmacies.

La situation des personnes âgées ayant un handicap

Il a beaucoup été question dans l’actualité de la situation des personnes âgées, durement frappées par la pandémie. Toutefois, aucune mesure spécifique n’a été mise en place pour les personnes âgées en situation de handicap. Le handicap et l’âge avancé sont deux facteurs de vulnérabilité, qui lorsque combinés, requièrent des mesures spécifiques pour prévenir notamment l’exploitation sous toutes ses formes, qu’elle soit financière, psychologique, physique ou autre.

La réduction des services offerts à domicile a pour effet d’accentuer la vulnérabilité de plusieurs personnes en situation de handicap qui se retrouvent encore plus isolées. Ces dernières peuvent se retrouver confinées avec leur abuseur ou avec un membre de la famille qui n’est pas en mesure d’offrir les services adéquats. 

Isolées, les personnes ayant d’importantes limitations se retrouvent dans l’impossibilité de dénoncer les abus dont elles sont victimes. Le personnel du réseau de la santé ne peut plus assurer un rôle de surveillance et mettre en place un « filet de sécurité ». Rappelons qu’en vertu de la Charte québécoise, toute personne victime de discrimination ou d’exploitation (personne handicapée ou âgée) bénéficie d’un recours à la Commission.

La violence conjugale exacerbée

Même si une attention a été portée à l’augmentation de la violence conjugale liée au confinement, il semblerait que les femmes en situation de handicap qui vivent de la violence conjugale ont difficilement accès à des ressources d’hébergement adaptées. Peu de maisons d’hébergement sont accessibles et certaines femmes nécessitent des ressources spécialisées pour les assister dans leur quotidien. Or, ces ressources mériteraient d’être adaptées pour répondre à la situation actuelle. Par ailleurs, plus de personnel qualifié pour répondre à ces besoins particuliers devrait être déployé dans ces ressources.

Les impacts de l’isolement sur la santé mentale

Le confinement peut avoir un impact non négligeable sur la santé mentale, de façon générale. Cependant, il est pertinent de rappeler qu’à l’égard des personnes qui ont déjà un diagnostic en santé mentale ou qui présentent une déficience intellectuelle, l’isolement et la réduction des services à domicile accroissent leur vulnérabilité. Il est donc essentiel que les autorités publiques déploient des mesures à cet effet.

La situation particulière des enfants ayant un handicap et de leurs parents

Plusieurs témoignages de parents d’enfants en situation de handicap soulignent le fait qu’ils se sentent entièrement abandonnés par le réseau de la santé, car certains services sociaux et médicaux leur ont été coupés et ils se retrouvent sans aide et sans possibilité de répit. 

Pour les familles dont les enfants sont placés en centre de réadaptation, certaines semblent avoir été contraintes de choisir entre reprendre leur enfant à la maison - sans totale garantie qu’une aide leur serait offerte à domicile compte tenu de la crise sanitaire - et le laisser au centre, mais sans aucune visite possible. Devant cette impasse, certaines familles ont probablement dû quitter leur travail ou réduire leurs heures de disponibilité. De plus, l’absence de services et de soutien du réseau a pour effet d’accentuer les situations de détresse psychologique et de violence. Nous réitérons que les services d’aide à domicile doivent être disponibles pour les familles les plus vulnérables.

L’accès aux commerces et besoins de base

La réduction du service de transport adapté conjuguée à l’absence de personnes accompagnatrices, ainsi que l’aménagement exigu de certains commerces, obligent pour plusieurs personnes en situation de handicap l’utilisation de services de livraison pour les besoins de base comme la nourriture et les médicaments. Dans certains cas, les délais de livraison sont trop longs pour des personnes ayant des besoins particuliers.

Des actions systémiques à mettre en place

La Commission rappelle que la pauvreté était une réalité pour de nombreuses personnes en situation de handicap, et ce, bien avant la pandémie, étant donné notamment la discrimination dont elles sont souvent victimes dans l’accès au marché du travail. De plus, les effets de la pauvreté sont exacerbés par les mesures de confinement et les contraintes économiques qu’elles entrainent. Pour la Commission, il apparait essentiel de lutter contre la pauvreté et la discrimination qui affectent les personnes en situation de handicap de façon systémique. Des mesures doivent être prises, pour assurer le respect de l’ensemble de leurs droits, pendant la pandémie, mais aussi à long terme, au-delà de celle-ci.

Le 6 mai dernier, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exhorté les gouvernements à placer les personnes handicapées au cœur de la lutte contre la Covid-19 et des efforts de relèvement, par la consultation et le dialogue. Il souligne: « Pendant la pandémie, nous devons garantir l’égalité des droits des personnes handicapées pour ce qui est de l’accès aux soins de santé et aux procédures qui sauvent la vie ».

En temps normal, les personnes handicapées ne jouissent pas d’une garantie réelle dans l’exercice de leur droit à l’égalité. Par exemple, elles ont moins de chances d’accès aux études compte-tenu de leur handicap, de recevoir des soins de santé adaptés, de gagner leur vie ou de participer à la vie sociale. « La pandémie accentue ces inégalités et fait naître de nouvelles menaces » a alerté le Secrétaire général de l’ONU.

Face à la menace disproportionnée de la Covid-19 qui pèse sur les personnes handicapées, l’ONU propose quatre pistes de solutions ou d’actions, lesquelles rejoignent les préoccupations actuelles de la Commission.

  1. Assurer l'intégration du handicap dans toutes les réponses et efforts de relèvement avec des actions ciblées. Les Nations Unies estiment qu’une combinaison des mesures générales et spécifiques au handicap est nécessaire pour garantir une inclusion des personnes handicapées.
  2. Assurer l'accessibilité des informations, des installations, des services et des programmes dans le cadre de la réponse au Covid-19.
  3. Assurer une consultation significative et une participation active des personnes handicapées et des organisations les représentant à tous les stades de la réponse et des efforts de relèvement.
  4. Établir des mécanismes de responsabilité pour s’assurer de l'inclusion du handicap dans la réponse au Covid-19. Des investissements inclusifs doivent être garantis pour soutenir des résultats menant à la prise en compte des personnes handicapées. La ventilation des données selon le handicap est indispensable pour garantir la responsabilisation.

Finalement, la Commission, à l’instar de l’ONU, rappelle que l’inclusion des personnes en situation de handicap dans la réponse à la Covid-19 et dans les efforts de relèvement post-crise est essentielle pour ne laisser personne de côté. La Commission propose aux autorités publiques qu’elles développent une campagne de sensibilisation ciblée qui indique les ressources appropriées. De plus, de l’aide adaptée accompagnée de l’injection de sommes additionnelles par les gouvernements serait nécessaire pour pallier les manquements observés.

La démarche de la Commission s’inscrit dans la continuité des principes déclarés dans les documents internationaux que sont notamment la Convention relative aux droits des personnes handicapées, l'Agenda pour l'humanité et la Stratégie des Nations Unies pour l'inclusion du handicap.

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse assure le respect et la promotion des principes énoncés dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Elle assure aussi la protection de l’intérêt de l’enfant, ainsi que le respect et la promotion des droits qui lui sont reconnus par la Loi sur la protection de la jeunesse. Elle veille également à l’application de la Loi sur l’accès à l’égalité en emploi dans des organismes publics.


Source:
Meissoon Azzaria
438 622-3652
meissoon.azzaria@cdpdj.qc.ca

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