Quelle est ta nuance?

Transcription du balado Balad'Elles - Épisode 1

[ Balad'Elles est une série de balados qui donne le micro aux femmes pour parler de leurs droits. Elle est produite par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Cet épisode a été réalisé en partenariat avec Filles d'Action et diffusé à l'occasion de la Journée internationale de la fille, le 11 octobre 2019. Vous retrouverez cet épisode sur SoundCloud]

Djamilla Touré : Je me présente, je m’appelle Djamilla Touré, je suis l’agente des projets à la Fondation Filles d’action et également la fondatrice de l’organisme SAYASPORA. Le sujet de ce balado sera le colorisme. Je ne vous en dis pas plus et je vous laisse découvrir tout ça.

Nous sommes le 11 octobre 2019 et, aujourd’hui, c’est la journée internationale de la fille, une journée au cours de laquelle on se rappelle l’importance des droits des filles, mais également l’importance du pouvoir des filles. Elles sont l’avenir, notre futur. Il est donc de notre devoir de tout mettre en œuvre pour leur offrir un monde dans lequel elles pourront s’épanouir au maximum.

Je me présente, je m’appelle Djamilla Touré. Je m’identifie comme étant une créatrice passionnée de storytelling et de gestion de projets. En 2015, avec quatre autres jeunes femmes, j’ai fondé SAYASPORA, une plateforme médiatique pour les jeunes femmes africaines partout dans le monde. C’est cette passion pour l’empowerment des jeunes femmes qui m’a amenée à travailler en tant qu’agente des projets à la Fondation Filles d’action. Je suis actuellement l’agente des projets de la Fondation.

Fondée en 1995, Filles d’action est une organisation nationale à but non lucratif qui croit au pouvoir des filles en tant qu’agente de changement social. Les initiatives de Filles d’action offrent aux jeunes femmes et filles des possibilités de renforcer leurs capacités, de découvrir leur pouvoir et d’acquérir la confiance pour passer à l’action dans leur communauté.

Cet épisode de podcast est né d’un partenariat entre Filles d’action et la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Pour le 11 octobre, l’équipe de Filles d’action a décidé d’utiliser cet espace pour parler d’un phénomène qui atteint une grande majorité de filles, un phénomène qui a un impact direct sur la perception que plusieurs filles ont d’elles-mêmes, un phénomène qui a un impact direct sur leur confiance en elles.

Aujourd’hui, nous parlerons de colorisme. Je dis « nous » puisque cet épisode sera rythmé par les témoignages de cinq filles et jeunes femmes noires âgées entre 15 et 23 ans. Elles viendront nous parler de l’impact qu’a eu le colorisme dans leur vie et comment elles vivent au-delà des barrières et étiquettes que la société place sur leur couleur de peau.

Pour ceux et celles qui ne savent pas, le colorisme se résume au fait de discriminer davantage les personnes à la peau noir foncé. En effet, une personne à la peau noir clair aura beaucoup plus d’avantages et sera moins sujette aux discriminations et insultes qu’une personne à la peau foncée.

Donc, sans plus attendre, je vous laisse écouter ces témoignages authentiques et révélateurs de l’impact qu’a le colorisme sur l’avenir des filles.

Kaji Weva : Bonjour, je m’appelle Kaji Weva et j’ai 15 ans.

Tofunmi Tomori : My name is Tofunmi Tomori. I’m 18.

Lourdenie Jean : Bonjour, je m’appelle Lourdenie Jean. J’ai 22 ans.

Fama Tounkara : Je m’appelle Fama. J’ai 21 ans, 22 ans, actually. J’ai eu 22.

Ernithe Edmond : Je m’appelle Ernithe Edmond. J’ai 23 ans.

Djamilla Touré : Sais-tu ce qu’est le colorisme ? Pourrais-tu nous l’expliquer dans tes propres mots ?

Kaji Weva : C’est la discrimination envers les personnes noires de couleur plus foncée, on va dire. Je dirais comme ça.

Tofunmi Tomori : I do know what colourism is. It’s kind of like an offshoot of racism where people who are in marginalized groups by their colours, like their races. It’s usually in black communities where people who have lighter skin are treated better than people who have darker skin.

Lourdenie Jean : Le colorisme, si j’essaie d’y aller de façon spontanée, c’est comme de la discrimination — non, c’est de la discrimination à l’égard des personnes racisées par rapport à la teinte de leur couleur de peau. Je dis « les personnes racisées » parce que, admettons, chez les personnes blanches, c’est in, plus tu es foncée, plus tu es bronzée, c’est le fun, mais pour les communautés racisées, la réalité est différente puis c’est quelque chose qui est annexé au racisme, mais la différence principale, je te dirais, c’est que ça — le racisme aussi, mais le colorisme, ça peut vraiment être amplifié par la même communauté aussi. Donc, admettons deux personnes noires, mais une personne plus pâle peut vraiment fortement appliquer du colorisme envers une autre personne plus foncée.

Fama Tounkara : Oui, je sais c’est quoi. Je dirais que c’est plus la discrimination face à la couleur de peau d’une personne, si je pouvais le décrire comme ça.

Ernithe Edmond : Pour moi, en fait, le colorisme, c’est vraiment comme une forme de préjugé, de discrimination envers les femmes — pas juste les femmes, pardon, les personnes qui ont une couleur plus foncée et ça arrive souvent dans les communautés de la même ethnicité ou bien la même race, en fait.

Djamilla Touré : Comment te sens-tu par rapport à ta couleur de peau ?

Kaji Weva : En ce moment, je suis correcte, mais je dois avouer que, quand j’étais petite, je l’aimais pas. Je trouvais que j’étais trop foncée. J’aimais pas le fait que j’étais noire de base, en fait, mais c’était comme plus à cause de ce que je voyais à la télé plus, mais comme après, j’ai juste appris à accepter ma couleur de peau et tout. Faque, là, je suis à l’aise avec ma couleur de peau.

Tofunmi Tomori : I mean, that’s a really loaded question, because—

Djamilla Touré : It is, indeed.

Tofunmi Tomori : Obviously, the answer I want to say is like I’m comfortable in my skin and I’m happy that I’m this dark or I’m happy that I’m black, but there obviously have been moments in your life, I feel like in every black person life where they felt like they just wanted to know what it was like not to be black or to be lighter or to be able to have those opportunities and to feel like they’re somehow accepted. So, I mean, I’m OK with being black, I’m fine with it, but there will always be like—well, the way society is structured, with the way it is structured right now, there will always be moments where I feel like I wouldn’t want to be as dark as I am, essentially.

Lourdenie Jean: Donc, comment je me sens ? Bien, je veux dire bien/indifférente, dans le sens que je ne veux pas que ça sous-entende que je n’aurais pas voulu être plus foncée ou quoi que ce soit. J’ai toujours aimé, été fière d’être noire et tout ça et de tout ce que ça comprenait. Donc, oui, je pense que si je pouvais vraiment bien résumer en un mot, je dirais « bien ».

Fama Tounkara : J’ai beaucoup struggled, comment on dit ça en français ?

Djamilla Touré : Galéré.

Fama Tounkara : Oui, galéré avec ma couleur de peau quand j’étais plus jeune parce que j’ai grandi à Trois-Rivières, donc j’étais la seule noire dans l’école. Ensuite, je suis allée dans une école secondaire juste de filles, privée, c’était encore pire. Donc, il y avait beaucoup de difficultés par rapport à être non seulement une femme de couleur, mais en plus d’être une fille très foncée, sur ce point-là. Puis, quand j’ai déménagé à Montréal, j’étais vraiment plus heureuse parce que je voyais des gens qui me ressemblaient et qui avaient la même couleur de peau que moi, mais encore là, c’était un problème parce que j’étais trop foncée par rapport aux autres et quand l’été arrivait, I was getting darker, tu devenais plus noire. So, c’était encore un problème pour les gens et c’était un peu de l’intimidation par rapport à ça.

Djamilla Touré : Quand tu dis que c’était un problème pour les gens, est-ce que c’était également un problème pour toi ?

Fama Tounkara : Oui, parce que je voulais ressembler aux autres. C’est dans ce sens-là.

Ernithe Edmond : Moi, personnellement, j’aime ma couleur de peau. Je vais pas te mentir, je me sens vraiment bien dedans, mais en même temps, comme l’entourage, donc des fois d’avoir les commentaires de certaines personnes ou le fait de voir que plusieurs membres de la famille, souvent, ils vont pas vraiment, comment dire, s’intéresser envers les femmes noires ou quoi que ce soit. C’est pas que je me sens mal par rapport à ma couleur de peau, mais ça m’empêche de vraiment me valoriser à ma juste valeur, en fait, c’est comme ça que je le vois.

Djamilla Touré : Quelles sont les remarques que tu as reçues par rapport à ta couleur de peau ?

Kaji Weva : Ce serait plus genre des blagues que des gens feront, mais comme des blagues pas trop drôles, genre « ah, on te voit pas dans le noir », des affaires comme ça. Une fois, je m’en fous un peu, mais quand c’est genre tout le temps, ça t’énerve, souvent, et après, tu te mets à être pas confortable avec les autres gens et avec toi-même aussi. Faque, oui, ce serait ça.

Tofunmi Tomori : This is actually crazy, but more so from black people like myself, I’d get comments like “blacky” because I used to be way darker than I am. That’s just because of the weather.

Djamilla Touré : It’s a thing, right?

Tofunmi Tomori : Exactly, because when it’s summer, you get darker. When it’s winter, you tend to get lighter and it also depends on the amount of sun exposure you get. So, when I was in Nigeria, I—my brother especially, actually, even my brother, my older brother and myself used to make fun of him because he’s the darkest out of all of us. And it wasn’t like we were doing it out of—try to make fun of him because he had darker skin, well we did make fun of him because he had darker skin, but it wasn’t like we were doing it to make him feel bad, we were just doing it because that’s essentially what a lot of people do. They make fun of people because of how dark their skin is. And I’m not sure if—that’s probably some form of internalized colourism like people aren’t—we’re not trying—we know that there are dark people like that, we’re black, we know that there are even darker people than us, but for some reason, we feel the need to point it out and tease people because of it. So, I mean, yeah, I don’t know why it is that way, but it is.

Lourdenie Jean : Par rapport à ma couleur de peau, je dirais, je sais pas. En fait, par rapport à ma couleur de peau, à part jeune que, dans la famille, parce que c’est ça, le colorisme, comme je disais plus tôt, ça peut vraiment être vécu même au sein de la communauté. Puis, je sais que moi, je suis d’origine haïtienne et je sais que c’est très présent dans notre communauté. Puis, même moi, comme je t’ai dit, qui ne suis pas très foncée de couleur, je sais que j’étais plus pâle bébé et en prenant ma teinte, ma famille disait des commentaires désobligeants par rapport au fait que je prenais plus ma teinte, dans le fond, parce que c’est vraiment ça. Je faisais juste plus prendre la teinte que je devais avoir, entre guillemets. Faque, je dirais que c’est surtout au sein de ma famille que j’ai pu avoir des commentaires et c’est pour ça que je trouve ça important de rappeler que même dans la communauté, ça peut vraiment être véhiculé.

Fama Tounkara : J’ai une peau quand même très lisse donc je recevais aussi des mots que j’avais une belle couleur de peau. Donc, c’était autant négatif que positif.

Djamilla Touré : As-tu eu des poupées Barbie ? De quelle couleur étaient-elles ?

Kaji Weva : J’avais beaucoup, beaucoup de Barbies quand j’étais petite, mais j’en ai juste eues deux noires, dans toute ma vie, et elles étaient pas vraiment foncées, elles étaient comme un teint pas trop pâle, pas trop foncé. J’avais une fille et un garçon noirs et je crois que c’était mon oncle qui m’avait donnés, mais toutes les autres Barbies que j’avais, elles ont toutes été blanches ou genre un peu bronzées.

Djamilla Touré : Toutes les Barbies que tu achetais, au final, étaient des Barbies, finalement, blanches, mais les seules noires que tu as eues, ce sont celles qui t’ont été offertes.

Kaji Weva : Oui, par un membre de la famille.

Tofunmi Tomori : Wow ! When, I was younger, I had so many dolls, yeah. I had Barbies, I had, you know, the babies that used to, like, throw up and pee and poop?

Djamilla Touré : Yes.

Tofunmi Tomori : Yeah, I had all of those and I think I only had one black doll and, to be honest, I didn’t treat it as well as I did with the other dolls, and that’s also part of me. I was happy to see a doll that was that dark, but I just didn’t play with it as much. It probably was because it didn’t have the same—it couldn’t throw up and it couldn’t pee, so that was probably it, but then, at the same time, it just didn’t—I felt like I didn’t have to play with it, right? I don’t know, maybe that’s why. I don’t know. Also, I’ve like seen a lot of videos where children, like the same exact doll, one is white, one is black and then the children would always say that the white one was the nicer looking. And these are kids, they don’t really understand what is going on, so, that’s probably what was going on with me as well.

Lourdenie Jean : Bonne question. Pour plusieurs raisons, j’avais pas tant de jouets que ça quand j’étais petite, pour commencer à partir de là, mais oui, j’avais des Barbies à l’occasion et je pense que tu te doutes de la réponse, elles étaient blanches. Je me souviens d’une, ça, c’est purement anecdotique, mais il y en avait une c’était Jo de S Club 7, mais non, sinon, il y en avait aussi vraiment que c’était pas des célébrités du tout puis elles étaient blanches quand même. Pourquoi ? I feel — on dirait que c’est limite parce que — et pourtant, je ne suis pas si vieille, mais le mouvement maintenant de comment on veut se voir dans nos poupées, en tout cas, quand j’étais petite, je n’ai pas plus le souvenir que c’était présent donc c’était vraiment juste un réflexe : « Tiens, c’est ta poupée puis achète cette poupée-là. » Puis, je pense que c’est ça qui est à la limite plus dangereux avec ça, dans le sens que c’est tellement un réflexe de penser que la représentation comme universelle, entre guillemets, c’était comme une poupée blanche. Moi, je pense que, à la rigueur, l’innocence derrière ça est bien plus dangereuse que si c’était vraiment fait par malice qu’il faut absolument que tu joues avec des Barbies blanches et tout ça parce que ça parle beaucoup sur comment on voit les personnes blanches comme la norme, entre guillemets. Non, pas entre guillemets, comme la norme. Donc, et je veux dire, j’ai grandi dans une famille haïtienne, j’ai grandi avec beaucoup de personnes noires dans mon entourage, et tout, et malgré que toutes les personnes qui m’ont offert des Barbies étaient noires, je me retrouvais quand même avec des Barbies blanches. Donc, aujourd’hui, avec un recul, c’est comme ça que je me sens par rapport à ça, au fait que : « Mais pourquoi c’était comme notre premier réflexe ? »

Fama Tounkara : Elles étaient blanches. Elles étaient pas noires.

Djamilla Touré : Pourquoi ?

Fama Tounkara : C’est ça qu’il vendait, le Toys « R » Us. C’est ça que maman m’achetait.

Djamilla Touré : OK.

Fama Tounkara : Il y en avait pas d’autres puis c’est seulement récemment, depuis deux, trois ans, que je vois des personnes plus jeunes que moi, des enfants avec des poupées de couleur.

Djamilla Touré : Mais ça, c’était pas là quand tu étais plus jeune ?

Fama Tounkara : Non, j’ai jamais vu ça.

Ernithe Edmond : Donc, je suis pas vieille, mais comme je viens d’une autre époque et, back in the days, quand je jouais avec les poupées, vers l’âge de huit ans, neuf ans, c’était des poupées blanches, les poupées Barbie blanches, les cheveux lisses, blondes, yeux bleus, habillées en petites tenues, femmes de ménage, et tout. Maintenant, on voit un peu plus de diversité, mais comme avant, je vais pas te mentir, c’était vraiment des poupées blanches.

Djamilla Touré : Pourquoi, selon toi ?

Ernithe Edmond : Oh, mon Dieu, bonne question. Quand j’y pense maintenant, je pense que c’est ça que vraiment la société valorisait comme étant beau, comme étant joli, que les filles allaient beaucoup aimer jouer avec ça. Quand on est enfant, on est - Je veux dire, les compagnies, pour attirer les enfants, souvent, ils vont aller avec les choses qu’ils aiment voir, les choses qu’ils trouvent belles, qu’ils trouvent attrayantes, tout ça, donc un peu comme les fastfoods, les vêtements, les chaussures. On va remarquer que comme les chaussures pour enfant, ça va être toujours comme très coloré, très lumineux. Donc, les poupées étaient vraiment comme très jolies, leurs yeux, leurs traits, leurs sourcils, les mains, tout était très fin, très féminin. Donc, c’était, comment dire, ça a façonné un peu comme notre idée en tant que petite fille, notre idée de ce que c’est comme être une jeune femme, le genre de vêtements qu’on allait vouloir porter plus tard comme les mini-jupes, les shorts, la façon dont on allait se coiffer. Comme, quand j’étais jeune, comment dire, à peu près vers l’âge de 10 ou 11 ans, comme, je ne veux pas faire des tresses. Je ne veux rien savoir de laisser mes cheveux naturels. C’était vraiment comme, inconsciemment, je pourrais dire que ces jouets-là ont vraiment joué comme un grand rôle sur ma perception de la beauté comme de femme noire.

Djamilla Touré : Dans quelle case penses-tu que la société te place à cause de ta couleur de peau ?

Kaji Weva : Je sais pas, en fait. J’aimerais croire qu’à cause que le temps évolue, on va dire, et que je sais qu’il y a encore du racisme en quelque part, mais il y en a un peu moins qu’avant, peut-être qu’ils me jugeraient pas trop à cause de ma couleur de peau, mais je sens que peut-être, genre, ils croiraient que je suis un peu plus pauvre que les autres, peut-être, comme juste à cause de la discrimination, mais j’aimerais penser qu’on est tous égaux, que la société va juste faire : « Ah, juste une personne. »

Tofunmi Tomori : I mean, I don’t—Well, because I’m a black woman, people tend not to look at me like I’m the smartest person in the room or like I know what I’m saying half the time. Some people don’t even take me seriously. So, I feel—but I always tend to prove people wrong and I don’t mind being looked at like I’m lesser because when I prove them wrong, it makes me feel better but at the same time, it causes problems for women who don’t understand that they’re smart or they can say things that make sense because it makes them want to keep quiet. And this is actually something I noticed about my mom. She doesn’t want to talk, because she doesn’t think, well, not in every situation, but in certain situations, she just feels like she doesn’t want to talk because she feels like people are going to make fun of her or people aren’t going to take her seriously or she feels like she’s not that smart. And sometimes, she plays it off like she’s joking, like she self depreciates so that people can’t depreciate her, and she does it jokingly, but I could tell. I feel like I’m the only person who notices this and, sometimes, I’m like: “Well, you don’t need to say that. You’re smart. You raised me, a smart black woman, so it’s obviously something that you have.”

Lourdenie Jean : Moi, je pense que je suis embêtante avec ces « t’es foncée » ou « t’es claire » parce que je suis vraiment brown, donc je suis pas foncée et je me suis jamais fait placer dans cette case-là non plus, mais je suis pas non plus nécessairement light skin ni racially ambiguous. Donc, moi, plutôt que de vivre la fétichisation d’être claire, et tout ça, ou le dénigrement et les insultes d’être foncée, moi, on me posait beaucoup la question : « Est-ce que tu te considères light skin or dark skin ? » Moi, j’étais là, j’étais dans cette case-là et je le suis encore. Donc, oui, je pense que ça répond moyennement à ta question, mais je pense que c’est vraiment là-dedans qu’on m’a mise dans la case, comme entre les deux, entre guillemets.

Djamilla Touré : Et tu le vis comment ?

Lourdenie Jean : Je pense que ça dépend à qui je réponds. C’est sûr, je peux pas… comme, j’ai pas vécu les dénigrements qui viennent avec, j’ai pas vécu l’expérience d’être une femme noire foncée, faque c’est sûr que si je réponds à ces femmes-là ou à ces personnes-là parce que c’est pas que des femmes qui peuvent le vivre, c’est sûr, je suis clairement dans la case privilégiée par rapport à ces personnes-là, mais sinon, comment je le vis c’est que ça m’impacte quand même, le manque de représentation, parce qu’il y a vraiment ce truc avec les femmes noires que, c’est ça, si tu vois une publicité ou peu importe, c’est soit un homme noir et puis, honnêtement, il peut même être foncé, avec soit une femme blanche ou une femme noire vraiment pâle, racially ambiguous. Il y a vraiment cette dynamique qui revient vraiment beaucoup puis moi, je me dis tout le temps, comme, wow ! En fait, ce qui m’embête avec ça, c’est que je me dis qu’il y a comme vraiment une eraser there, vraiment, on efface certaines façons à quoi des femmes noires peuvent ressembler puis je pense que c’est surtout ça qui vient me chercher puis, en plus, je me dis par la bande, c’est ça, comme moi, j’ai un peu pour philosophie qu’il faut regarder son privilège en premier parce que son impression, on ne l’oublie jamais. Donc, je me dis, si même moi, je me vois pas, puis je te l’ai dit tout à l’heure, je suis pas nécessairement la plus foncée, how bad is it, you know, quand tu es plus foncée ? Donc, oui, c’est comme ça que je le vis.

Fama Tounkara : Quelle classe sociale ?

Djamilla Touré : C’est comme tu l’entends. Dans quelle case —

Fama Tounkara : Case ?

Djamilla Touré : Penses-tu que la société te place à cause de ta couleur de peau ?

Fama Tounkara : Dans une femme noire de couleur foncée.

Djamilla Touré : Est-ce que tu penses que ça a un impact avec la manière dont tu vis les choses au quotidien ?

Fama Tounkara : Tout dépendamment d’où est-ce que je suis, oui. Si c’est plus dans l’Est de Montréal avec des gens que je connais, ça a moins d’impacts parce qu’ils me ressemblent plus, mais si c’est le cas dans un cadre plus professionnel, je pense que j’ai plus d’impacts parce que c’est un facteur qui est saillant chez moi, c’est un aspect visuel qui peut avoir certains impacts, je pense.

Djamilla Touré : Est-ce que tu peux développer un peu plus sur le milieu du travail ? Quels sont, selon toi, les impacts que ta couleur de peau pourrait avoir ?

Fama Tounkara : Un exemple typique, c’est pas nécessairement par rapport à la couleur de peau, mais le fait que je change souvent la couleur de mes cheveux ou bien ma coiffure. C’est quelque chose que je veux pas faire, à cause du travail, parce que je me dis que je vais avoir des commentaires dessus, alors que si c’est une autre collègue de travail, qui est par exemple de couleur blanche, qui change sa coiffure de cheveux, je pense pas qu’elle a les mêmes commentaires ni le même impact sur elle que ça. Au niveau des relations tout court, ça peut être une préférence pour les personnes qui ont la couleur plus pâle, par exemple. Les femmes noires, je pense pas qu’elles ont - elles ont souvent le problème, quand tu date quelqu’un, ah, maybe they don’t like black girls, alors ou elle préfère les filles plus light skin, c’est un truc dans la vie de tous les jours que quand quelqu’un t’intéresse, c’est une question que tu te poses, alors que dans le sens inverse, ils vont pas nécessairement avoir ce problème-là.

Djamilla Touré : Comment tu le vis, toi ?

Fama Tounkara : Je le vis pas mal parce que c’est eux qui manquent quelque chose.

Djamilla Touré : Yes!

Fama Tounkara : Oui.

Ernithe Edmond : À mon humble avis, je pense qu’en tant que femme noire, je pense qu’on me case plutôt — on me sous-estime par rapport aux capacités que j’ai. Je sais pas trop comment mieux l’expliquer, mais c’est vraiment… je sais pas, tu rentres dans la pièce et, tu as déjà comme une pression sur tes épaules. Je sais pas comment expliquer ça. C’est vraiment comme — L’impression que je pourrais te donner comme exemple, c’est vraiment comme tu rentres dans une pièce, tu as un oral à présenter et tu as 20 personnes qui te regardent comme ça et qui t’analysent, petit à petit. Je trouve qu’en tant que femme noire, je sais qu’on le répète beaucoup, mais on doit travailler deux fois plus fort pour obtenir la moitié de ce que les autres peuvent avoir, c’est littéralement comme ça que je le vois. C’est juste que comme on est une minorité visible, on est des femmes, je sais pas comment expliquer ça, c’est juste vraiment qu’on nous sous-estime, on sous-estime vraiment nos capacités, ce qui fait que, des fois, quand on dit dans quel domaine on étudie, qu’on explique les projets qu’on fait et tout ça, les gens sont surpris. Pourquoi ? Parce qu’on s’attend pas à ce que les femmes noires essaient de prendre leur place autant que ça. On s’attend à ce qu’elles restent à la maison, faire les enfants, préparer à manger. Si tu racontes ça, tu es comme, « OK, that’s nice », comme « it’s typical », mais soit une femme noire, elle va dire que comme, oui, j’ai essayé d’obtenir mon baccalauréat, je vais faire une maîtrise, je vais faire un doctorat. Je travaille sur des projets, j’essaie d’encourager des jeunes filles à s’aimer plus dans leur peau, et tout ça, ils vont être comme « oh, OK, wow ». Ils vont te voir comme un peu plus imposante et moins comme vulnérable, comme ils veulent te voir, en fait. C’est comme ça que je le vois.

Djamilla Touré : Que réponds-tu à ceux et celles qui te disent « tu es belle pour une fille noire » ?

Kaji Weva : Je dirais : « Oh, parce que si j’étais blanche ce serait normal, mais là, parce que je suis noire, toutes les noires sont laides, c’est ça ? » Je le prendrais comme une insulte, pour de vrai. Genre, je sais pas si on m’a déjà dit ça, mais je crois que si avant on m’avait dit ça, j’aurais sûrement juste dit « merci », j’aurais pas compris que c’est vraiment une insulte. Mais maintenant qu’on me dit ça, je l’aurais juste vraiment pris mal. Je serais genre : « Oh, wow ! Oui, c’est ça, c’est normal d’être noire laide ? » J’aurais juste — J’aurais dit ça.

Tofunmi Tomori : I mean, that comment, am I beautiful or not is my question because if you’re comparing me to other black skin girls you’ve seen that aren’t pretty, does that mean that, in your mind, all dark skin girls aren’t pretty? And therefore, on a general scale then, I wouldn’t be pretty. That’s what it means. And what does it matter that I’m dark-skinned? Why is that the thing that like bothers you? Why does that affect you that for a dark skin girl—like, in your opinion, people are either pretty or not. You don’t have to add the like last comment. It’s like a backhanded compliment. That’s how I see it. It’s like you’re trying to compliment me but you’re not trying to—Like, it’s just insulting, essentially.

Lourdenie Jean : Je me souviens plus si personnellement on me l’a déjà dit. Je pense, par exemple, que le fait que je ne me souvienne plus, ça parle beaucoup sur comment ça m’a pas nécessairement affectée, mais je tiens à expliquer pourquoi, parce que j’ai l’impression qu’il peut y avoir comme deux routes par rapport à tous ces types de commentaires là. C’est soit vraiment on intériorise, puis ça joue beaucoup sur notre confiance ou, pour X raisons, l’entourage, les différents privilèges qu’on a, etc., on n’a pas nécessairement intériorisé ça, mais ça vient générer beaucoup de rage d’être confrontée à ça parce que c’est comme, tu te regardes puis tu sais que you’re lit et c’est quand même ça qu’on te ramène à la figure. Moi, je pense que je suis plus dans la deuxième catégorie. Donc, c’est pas pour dire que comme « ah, mais c’est pas important vraiment dans ma vie tout ça ». Non, ça m’affecte, mais ça m’affecte pas nécessairement dans ma confiance. Cela dit, je me souviens d’avoir eu des dérivés de « t’es belle pour une noire ». Moi, c’est beaucoup à travers mes cheveux que je l’ai vécu. J’ai toujours été naturelle et c’est ça.

Djamilla Touré : C’était quoi les commentaires ?

Lourdenie Jean : Comme : « Ah, tu fais vraiment de belles coiffures pour une fille avec des cheveux naturels. » Peut-être pas formulé comme ça, mais beaucoup dans le - Je me souviens littéralement une personne qui était comme, un gars au secondaire : « T’sais, d’habitude, j’aime pas nécessairement, je trouve que vos cheveux, vous faites rien de sérieux avec, whatever, mais toi, tu fais tellement des coiffures belles. » Donc, c’est ça, c’est le dérivé de « t’es belle pour une noire », « tu fais de belles coiffures pour une personne avec des cheveux crépus et tout ça ». Je le vis de la même manière, comme j’ai nommé tout à l’heure, c’est la frustration de comme, non, non, mes cheveux sont juste lit, tout court.

Djamilla Touré : That’s about it.

Lourdenie Jean : Oui.

Fama Tounkara : Je suis rendu à un point où est-ce que je let go. C’est pas un commentaire qui est nécessaire puis ça insinue que les femmes noires, d’habitude, elles sont pas jolies donc, c’est ça. Je le vivais pas bien avant, mais un moment donné, ça s’est tellement accumulé que tu fais juste faire merci and then you go.

Ernithe Edmond : I mean, moi, personnellement, je suis une personne qui est polie donc je vais pas me fâcher ou quoi que ce soit, mais comme, gentiment, je vais leur faire comprendre que c’est pas un compliment. Désolée, mais pourquoi est-ce que tu dois ajouter le fait que tu es jolie « pour une femme noire » ? C’est quoi, les femmes noires, techniquement, on n’est pas jolies ? C’est quoi, dans tes standards ? Non, c’est comme si je venais te dire « tu es jolie pour une blanche » ou « tu es intelligente pour telle nationalité ». It’s not fair. C’est un préjugé puis, je sais pas, c’est juste non. Je suis seulement catégorique, je le prends pas comme un compliment. Thanks for the effort, but tu sais, c’est pas un compliment. Fais juste dire que je suis jolie. Si je suis pas de ton goût, c’est correct, passe ton chemin, on peut pas plaire à tout le monde, c’est juste ça.

Djamilla Touré : Qu’aimerais-tu voir changer à ce sujet ?

Kaji Weva : Ce que je voyais souvent, d’habitude, genre à la télé, c’est toujours, dans les émissions, ce groupe de personnes soit blanches ou de gars et là, il y avait genre une personne noire ou une fille. C’était toujours ça et je crois que c’est pour ça qu’avant, même dans mes groupes d’amies, j’étais comme cette fille noire dans la classe ou cette fille noire dans mon groupe et c’est ça que j’aimerais que ça change, comme que ça soit juste plein de gens, comme tous naturels et belles à leur façon, comme tu essaies pas d’avoir tes cheveux plus lisses ou tu essaies pas de rendre ta peau plus pâle ou tu essaies pas de cacher tes taches de rousseur ou ta tache de naissance, des affaires comme ça, qu’on s’accepte comme on est parce que, après, quand tu vois ça, tu es comme : « Ah, c’est comme ça que la vraie vie est. » Mais, en réalité, ces personnes-là se cachent aussi, tu vois, mais à cause qu’ils montrent cette partie-là à la télé, après, tous les petits enfants sont comme « ah, OK, il faut que j’aie ça », « il faut que je perde du poids », « ma tache de naissance est pas belle sur ma face » ou « je l’enlève avec du maquillage » des affaires comme ça. Donc, comme plus de naturel, moi je dirais, c’est ça que j’aimerais voir.

Tofunmi Tomori : Truthfully, I was watching something yesterday on YouTube where it said like black women are five times more likely to use Instagram than every other race. So, if that’s the case, if black women are—like, black women are represented on Instagram, but the manner in which they are, even in, like, they’re usually lighter skin models who have a certain body type which is a whole different conversation, but even the dark skin ladies that are projected on Instagram, it’s only on Instagram. It’s never projected outside of Instagram, outside of people’s phones and, it’s just a like. And then, when you go out as a proper black dark skin woman—if you’re someone else of a different race, you probably think: “Oh, so black women are getting representation and their rights are probably being listened to.” But, when you’re an actual dark skin woman living your life, you feel marginalized within your community, outside of your community, even in yourself, like, even when you’re thinking about yourself and looking yourself in the mirror, you’re like: “Well, I’ve been told I’m pretty on Instagram, but this doesn’t reflect in real life.” So, it’s like you’d rather just stay in that place where you feel like you’re accepted.

Djamilla Touré : And why do you think that is? Why do you think that? First of all, you just taught me something, the fact that the black women were the majority of women using Instagram. Why do you think that is? Why do you think that we use this space to, I believe, probably create a representation that we didn’t have?

Tofunmi Tomori : Yeah.

Djamilla Touré : But, do you have like probably another idea related towards that?

Tofunmi Tomori : Well, also, the fact that Instagram also bases things on like likes and views and how people could build like empires off of it, I think these women are truly drawing self esteem from it, like that’s where their self-worth comes from. So, if you take that away from them, you’re actually leaving them worse off than if they didn’t have it at all. That’s how I see it. So, I mean, it comes to this. I still feel like they shouldn’t base self-worth on people liking their photos and things like that but at the same time, it seems to be working for them.

Lourdenie Jean : Je serais tentée de dire plus de représentation, mais au-delà de ça, j’aimerais que ça soit pas parce que - comme, si je reviens à ce que je nommais quand on parlait des Barbies, là, où le réflexe était naturellement de voir comme la blancheur comme la norme, moi, c’est ça que j’aimerais vraiment voir brisé parce que, en ce moment, je pense que dépendant de qui fait la représentation, il y a un peu ces réflexes de comme on représente pour représenter, puis je trouve que ça paraît tu le vois quand c’est comme : « Oui, OK, on a ajouté deux femmes noires pour comme plus de couleurs et une femme un peu plus ronde. » C’est trop genre check, check, check. Moi, je suis quelqu’un qui, pour le fun, vraiment, littéralement, pour le fun, mon père me le disait tout le temps quand j’étais petite que j’étais très satirique quand je regardais la télévision parce que, pour le fun, j’aime juger les publicités. Puis, je vais littéralement dire des commentaires du genre « ah, ça, c’est une nice publicité » ou « eux autres ont foiré pour telle, telle raison ». Donc, c’est quelque chose que j’analyse beaucoup et je trouve que tu le vois. Vraiment, tu le vois quand c’est comme représenter pour représenter, mais moi, j’aimerais ça que ce soit parce qu’on se détache du réflexe qu’à la base c’est la blancheur et ensuite on ajoute.

Fama Tounkara : Qu’il y en ait plus, mais j’ai l’impression aussi que le fait d’en avoir plus, c’est seulement pour atteindre un quota vu qu’on en parle trop. C’est pas pour le faire d’une certaine volonté, mais parce que si on le fait pas, on va se faire un peu pointer du doigt parce qu’on n’a pas assez de représentation. C’est pas quelque chose qui nécessairement — je dis pas ça pour toutes les choses, mais la plupart du temps, tu sais pas si toi tu as été choisie pour un événement parce que tu as les compétences ou parce que tu as mis ta candidature et ils devaient remplir le quota de personnes de couleur.

Djamilla Touré : Est-ce que ça t’est déjà arrivé ?

Fama Tounkara : Je pense pas. Je le sais pas, ils vont jamais te le dire, mais des fois, c’est des questions que je me pose.

Ernithe Edmond : Ce qui serait bien, honnêtement, ça commence à la maison. Ça commence à la maison comme que les mères et les pères apprennent à, comment dire, à inculquer ce sentiment de self-love, chez leurs filles. C’est vraiment important. Mon père me l’a inculquée donc c’est pour ça que, disons, j’ai un peu moins, comment dire, ma confiance en soi est moins, comment dire, moins rabaissée, je pourrais dire, que c’est un peu plus facile pour moi de comme gravir les échelons comme ça, mais comme si c’était juste de ma mère, en ce moment, tu comprends, ce serait pas aussi facile. Donc, sérieusement, je pense qu’à la maison, ce serait bien que les mères apprennent à traiter leurs enfants avec plus de délicatesse, de pas faire des remarques comme celles-là. Puis, ensuite, en termes médiatiques, ce serait bien d’avoir de vraies représentations, pas juste like a black women magazine, mais aussi de dire que comme, oui, on n’est pas juste noires, en fait, on est des êtres humains, on est des femmes. C’est sûr que notre couleur de peau change, c’est sûr que notre texture de cheveux change, ça n’a pas de problème, mais comme être mis sur le même piédestal que tout le monde, pas juste « oh, mais c’est ça que les gens veulent voir à la télé », it’s not true. C’est pas vrai. C’est ce qu’on nous avait présenté au début, mais c’est pas ça qu’on voit dans la réalité et c’est pas ça qui nous plaît nécessairement.

Djamilla Touré : Comment décrirais-tu ta nuance ?

Kaji Weva : Ma nuance est belle et elle a beaucoup à apprendre, mais elle va quand même stand up for herself. Ma nuance est grande et puissante.

Djamilla Touré : Yes!

Tofunmi Tomori : To be honest, I feel like it’s just perfect. It is what it is. This is who I am. This is how I was made, like, I’m not going to do anything to change who I am. And I’ve accepted who I am, I like my skin colour. It’s not like I like it, but like this is who I am. I’m not going to destroy myself because someone else doesn’t feel OK with it. I’m fine with it and I’m happy with it so it shouldn’t bother anybody, essentially.

Lourdenie Jean : Je dirais ma nuance est artistique parce que, tu sais, il y a souvent des memes, ce n’est pas nécessairement des memes, mais des images qu’on voit sur les réseaux sociaux de comme « oh, black women invented this colour » pour dire à quel point, par exemple, l’orange nous va super bien, etc. Puis, moi, personnellement, ma nuance à moi, chaque fois que j’ai une couleur sur le dos, je suis comme : « Wow ! » Donc, c’est ça, j’aime ça. Quand je parlais des publicités que je regarde souvent, je trouve ça tellement beau, des fois, quand tu vois juste une femme avec environ la même teinte, admettons, puis on va mettre du miel parce que c’est sensiblement la même couleur puis c’est super beau. En tout cas, si je prends en exemple d’autres personnes qui l’ont fait, parce que je ne me suis jamais mis du miel dessus, là, mais oui, je dirais que ma nuance est artistique.

Fama Tounkara : I’m gold. Not 24K comme Beyoncé, plus que ça. Ravissante. Courageuse.

Ernithe Edmond : Oh my God, same way, ma nuance est magnifique! I love it! Je changerais rien pour la — comme all chocolate, all sweet and stuff, I love it. J’ai rien d’autre à dire.

Djamilla Touré : Yes to that!

Ces réponses viennent conclure notre épisode. Ce fut un privilège d’avoir pu poser ces questions à Kaji, Tofunmi, Lourdenie, Fama, Ernithe, un honneur d’avoir pu les écouter et découvrir comment elles affirmaient au quotidien leur identité. Leurs actions quotidiennes viennent briser le statu quo et reformer les lentilles avec lesquelles nous forgeons notre société.

Merci à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse de nous avoir permis d’investir cet espace pour célébrer ces filles et jeunes femmes.

C’est avec espoir que je célèbre cette Journée internationale de la fille, avec espoir qu’un jour toutes les filles puissent être célébrées indépendamment de leur couleur de peau et situation géographique, qu’elles puissent être célébrées pour leur pouvoir d’action, leurs qualités et leurs compétences. Puisque l’avenir c’est elles, je leur souhaite une excellente Journée internationale de la fille.