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6 décembre 2024Lettres et allocutions

La violence contre les femmes : une négation des droits de la personne

Lunières et ruban blanc.
Cette lettre ouverte signée par les deux vice-présidentes de la Commission des droits à l'occasion de la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes a été publiée dans l'édition du 6 décembre de La Presse.

En cette Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, nous rendons hommage aux 14 femmes de l’École polytechnique de Montréal qui ont été assassinées le 6 décembre 1989. Nous honorons la mémoire de Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widajewicz, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte. Ces noms doivent résonner non seulement comme un hommage, mais comme un rappel que trente-cinq ans après ce drame, la violence faite aux femmes demeure un enjeu important de droits de la personne. Un devoir de mémoire collectif en ce sens s’impose. 

Aujourd’hui, alors que nous nous rappelons ce drame, il est impossible d’ignorer les féminicides et les actes de violence contre les femmes qui continuent de secouer le Québec. Cette occasion nous permet de rappeler l'importance de protéger les droits des femmes et des enfants qui en sont les principales victimes.  

La violence contre les femmes est une grave violation du droit à la vie, à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté de sa personne, reconnu par la Charte des droits et libertés de la personne. Les violences, qu’elles soient psychologiques, physiques ou à caractère sexuel, les privent de leur droit fondamental de vivre en sécurité, sans craindre pour leur vie. Elles entravent leur liberté et restreignent leur autonomie.   

La violence contre les femmes peut également compromettre le bien-être, la sécurité, la stabilité et affecter le développement des enfants.  En particulier, la violence conjugale porte atteinte aux droits des enfants, notamment en ce qui concerne leur droit à la protection et à la sécurité. Profondément ancrée dans les structures et des normes sociales, la violence contre les femmes est également une manifestation de discrimination interdite par la Charte qui perpétue les rapports historiquement inégaux entre les femmes et les hommes.  

Rappelons que les femmes peuvent également vivre des discriminations croisées selon différents facteurs de vulnérabilité ou diverses réalités qui peuvent exacerber les risques de violence et rendent l’accès à des services adaptés plus difficile. Cette réalité nous rappelle qu’une réponse unique face à la violence contre les femmes ne peut suffire : les actions doivent tenir compte de cette diversité d’expériences et de besoins. 

Prévenir et enrayer la violence  

En ce jour de commémoration, nous avons la responsabilité de nous souvenir, mais aussi d’agir et de prévenir.  Nous devons nous attaquer aux racines de cette violence. Les mesures de prévention sont essentielles pour protéger les victimes, mais aussi pour agir sur les causes de la violence. Misons sur des réponses adaptées aux réalités de l’ensemble des femmes. Prenons en compte la multiplicité des formes de discrimination que certaines femmes peuvent vivre pour mettre en place des programmes et des mesures d’intervention ayant un réel impact. Il nous faudra néanmoins miser sur des transformations sociales en profondeur qui questionnent et remettent en cause les relations et les rapports de pouvoir inégalitaires existants dans nos sociétés afin qu’un jour nous puissions éradiquer les violences à l’égard des femmes. 

La lutte contre la violence faite aux femmes est un engagement collectif qui nécessite des efforts soutenus de la part des individus, des organisations et des institutions. Nous nous devons, pour les 14 victimes de la tuerie de Polytechnique et pour toutes celles qui ont été victimes de féminicide, de poursuivre ce combat. Nous leur devons un Québec plus sûr, plus égalitaire, où aucune femme ne devrait craindre pour sa vie parce qu’elle est une femme. 


Myrlande Pierre
Vice-présidente responsable du mandat Charte

Suzanne Arpin
Vice-présidente responsable du mandat jeunesse